ENTRE RUMEURS ET CALOMNIES
LES DÉGATS DES FAKES NEWS
DANS CETTE SOCIÉTÉ DU MENSONGE
Certaines contre-vérités ont la vie dure et
les politicards peu scrupuleux et autres manipulateurs s'en donnent à cœur joie
de les utiliser à leur profit.
J'avais repéré pour un précédent livre, ce que
je considère comme un cas d'école sur la propagation des fausses nouvelles : "La
rumeur d'Orléans".
Cette triste affaire a défrayé la chronique dans les années 1969, quand les commerçants juifs tenant des magasins de vêtements féminins dans cette ville étaient soupçonnés d’alimenter un réseau de traite des blanches en faisant disparaître des femmes dans leurs salons d’essayages pour les faire embarquer ensuite à bord de sous-marins qui remontaient la Loire !…Incroyable, et pourtant, bon nombre de gens y ont cru, jusqu’à venir invectiver ces commerçants ce qui fut un scandale. Je vous laisse le soin de découvrir les différentes vidéos qui ont été produites sur cette affaire et qui décrivent mieux que je ne pourrais le faire, l'ambiance de l'époque et la mentalité des gens qui allait avec.
Radostina Zaharieva Université de Sofia « Saint Kliment Ohridski » Bulgarie, a fait une analyse de la rumeur et de la calomnie dont voici un extrait :
La rumeur et la calomnie qui sont des phénomènes vieux comme le monde semblent connaître ces derniers temps un essor sans précédent notamment sous l’appellation de « fausses nouvelles » (fake news). La principale caractéristique de la rumeur est le contenu non vérifié, le plus souvent faux. Sa nature clandestine et alternative permet de dire qu'elle est la contre-version de la version officielle des évènements. Par contre, la calomnie, cas particulier de la rumeur, se caractérise du point de vue juridique par la diffamation. C'est une allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé. Ses conséquences sont désastreuses pour l’individu mais aussi pour la société car elles mènent à la confusion, suscitent l’hostilité et créent un climat de suspicion. Le lien génétique entre les deux est le mensonge, comme le révèlent les proverbes : " En beaucoup de nouvelles il y a des bourdes belles" ; " À la fontaine, au moulin, au four et au lavoir, les femmes disent tout" ; " si tu écoutes les gens parler, tu chasseras le lapin en mer et le poisson dans la forêt ".
Quand je m'insurge contre la méchanceté qui colporte ce poison de la calomnie, je ne peux m'empêcher de penser à l'opéra de Beaumarchais avec ces paroles : " Le mal est fait, il chemine, il s'avance ; De bouche en bouche il est porté".
Ainsi, quand j'étais enfant et que ma mère m'emmenait avec elle pour les répétitions à l'Opéra d'Alger, je me réjouissais quand il y avait le Barbier de Séville au programme. Là, blotti dans un coin de la grande salle vide, appuyé contre le velours rouge de la rambarde qui surplombait la fosse de l'orchestre, j'attendais avec impatience le moment où le baryton allait chanter le grand air de la Calomnie. C'était pour moi un ravissement d'écouter cette voix avec une musique saisissante qui me donnait un frisson que je garde encore au fond de mon âme.
L'interprétation magistrale du rôle de Don Bazile par Ruggero Raimondi doit être écoutée :
Ruggero Raimondi - La Calunnia
La Calunnia
La calunnia è un
venticello Un’auretta assai
gentile Che insensibile,
sottile, Leggermente,
dolcemente, Incomincia, incomincia a sussurrar. Piano, piano, terra terra, Sottovoce, sibilando, Va scorrendo, va scorrendo Va ronzando, va ronzando Nell’orecchie della gente S’introduce,
s'introduce destramente E le teste ed i
cervelli Fa stordire e fa gonfiar. Dalla bocca fuori uscendo lo schiamazzo va crescendo, Prende forza a poco a poco, Vola già di loco in loco, Sembra il tuono, la tempesta Che nel sen della foresta Va fischiando, brontolando, E ti fa d’orror gelar. Alla fin trabocca e
scoppia, si propaga, si raddoppia, E produce
un’esplosione Come un colpo di
cannone, Come un colpo di
cannone, Un tremuoto, un
temporale, Un tumulto generale Che fa l’aria rimbombar. E il meschino calunniato, Avvilito, calpestato, Sotto il pubblico flagello, Per gran sorte va a
crepar. |
La Calomnie
C'est d'abord rumeur
légère, Un petit vent rasant
la terre. Puis doucement, Vous voyez calomnie Se dresser,
s'enfler, s'enfler en grandissant. Fiez-vous à la
maligne envie, Ses traits dressés
adroitement, Piano, piano, piano,
piano, Piano, par un léger
murmure, D'absurdes fictions Font plus d'une
blessure Et portent dans les
cœurs Le feu, le feu de
leurs poisons. Le
mal est fait, il chemine, il s'avance ; De bouche en bouche il est porté Puis riforzando il
s'élance ; C'est un prodige, en
vérité. Mais enfin rien ne
l'arrête, C'est la foudre, la
tempête. Mais enfin rien ne
l'arrête, C'est la foudre, la
tempête. Un crescendo public,
un vacarme infernal Un vacarme infernal Elle s'élance,
tourbillonne, Étend son vol,
éclate et tonne, Et de haine aussitôt
un chorus général, De la proscription a
donné le signal Et l'on voit le
pauvre diable, Menacé comme un
coupable, Sous cette arme
redoutable Tomber, tomber
terrassé. |
Pour terminer cet exposé, voici une réalisation des élèves du lycée agricole Etienne Gautier de Ressins (Rhône-Alpes) qui ont adapté le passage du grand air de la calomnie du Barbier de Séville, dans un clip vidéo qui a remporté en 2009 le prix de la créativité au FestiClip et que je trouve excellent :
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