#DEMOCRATIES ET PEUPLES IMMATURES
Le mot démocratie vient du grec « demos », qui signifie le peuple et « kratos », le pouvoir. A l'origine il s’agit d’un régime politique dans lequel tous les citoyens participent aux décisions du gouvernement. Je ne vais pas faire une dissertation sur ce thème mais rappeler que l’idée de démocratie vient de loin et que notre modèle de société en France, s’est construit au prix de luttes acharnées. Notre république avec sa devise : « liberté, égalité, fraternité » ne s’est pas faite en un jour. Seulement, pour que le peuple soit associé aux décisions prises par le gouvernement, encore faut-il qu’il ne soit plus « ce peuple qui ne sait pas lire » comme on l’avait dit autrefois.
Certes, au pays de Racine cela
devrait tomber sous le sens. Hélas, l’évolution de notre société avec des
gouvernements irresponsables a sacrifié l’éducation pour ne gérer que
l’immédiateté dans des effets d’annonce où le « faire semblant » est devenu
un art, l’art de la communication. Certains iront plus loin en parlant d’une
« société du spectacle » où même des acteurs de cinéma (que je ne
nommerai pas) se sont brillamment reconvertis en chefs d’états !
Déjà en 1980 on pouvait lire des
articles de presse parlant de « l’orthographe en ruine » et de
la défaite de l’école. Aujourd’hui, c’est dramatique car la lecture se
perd ; fini le plaisir de lire. Connait-on encore le bonheur de se promener
à la recherche d’un livre, sur les quais de la Seine où d’arpenter les rues de
Paris pour rendre visite à son libraire favoris dont l’enseigne flotte encore
dans ma mémoire ; « Au temps de lire ». Tout ceci m’amène à
considérer le danger qui menace la démocratie quand le peuple sombre dans
l’inculture et le manque de maturité et je voudrai faire ici, n’en déplaise à
certains, une comparaison avec l’éducation des enfants au sein de la
famille.
En effet, même si les parents
s’évertuent à donner à leurs enfants le plus d’amour possible et la meilleure
éducation, force est de constater que « les temps changent » comme on
l’a chanté en Mai 68 et qu’il faut savoir vivre avec son temps. Ainsi, il était
admis autrefois qu’après leur majorité tous les enfants seraient capables tant
bien que mal de raisonner et d’être réalistes.
Hélas, il n’en est rien aujourd’hui
car la maturité d’esprit n’est pas toujours au rendez-vous et la situation peut
vite devenir ingérable quand les parents sont trop permissifs face à des
adolescents incapables de s’auto-discipliner. Savoir leur dire NON n’est pas
facile mais le NON est salutaire. Supporter la frustration et
accepter « des limites à ne pas dépasser » sont les conditions
nécessaires pour vivre en société. C’est ainsi que certains individus sont
devenus violents en prenant de l’âge, quand quelque chose leur était refusé.
Sans parler de sévérité dans l’éducation, la fermeté visant au respect des
règles de vie commune et le suivi de la scolarité me semblent être
essentiels. Comme je l’ai déjà signalé ailleurs, on observe souvent
que les meilleurs élèves à l’école sont ceux dont les parents veillent à ce que
leurs enfants aient correctement fait tous leurs devoirs et bien appris leurs
leçons. Est-ce un hasard s’il s’agit fréquemment de familles originaires
d’Asie ?
Un autre constat m’interpelle
aussi, c’est ce qui se passe quand certains clichés nocifs se répandent et
contaminent un grand nombre de personnes. Il y a les clichés idiots, du genre,
« tous les dentistes sont des arracheurs de dents » ou « tous
les chauffeurs de taxis sont des proxénètes » mais il y en a d’autres plus
dangereux sur les Juifs ou les Arabes…et quand ces « idées »
s’infiltrent insidieusement dans les pensées de milliers ou de millions de
« gens-moutons », on obtient une population avec des idées toutes
faites. Essayez alors d’avoir une discussion avec une personne dont l’esprit
est déjà formaté pour n’entendre qu’un seul point de vue, vous ne pourrez pas
lui faire admettre autre chose. Je ne me souviens plus qui a dit qu’il y avait
pire que de n’avoir pas d’idée, c’était d’avoir des idées toutes faites. Dans
ce même registre, Maurice Druon avait brillamment écrit : « Les
grandes personnes ont, sur toute chose des idées toutes faites qui leur servent
à parler sans réfléchir. Or, les idées toutes faites sont généralement des
idées mal faites. ». Considérons maintenant cette phrase de Denys Arcand
dans son livre sur le déclin de l’empire américain : "Il y a trois
choses importantes en histoire : premièrement, le nombre, deuxièmement le
nombre, troisièmement le nombre". Et bien nous nous trouvons aujourd’hui
dans cette situation où des millions de gens ont des idées mal faites tant sur
les notions de liberté, d’égalité ou de fraternité et il sera bien difficile,
voire impossible de leur en faire prendre conscience. Déjà, en Mai 68 quand
nous rêvions d’un monde meilleur, avec des idées plein la tête, mon
psychanalyste m’avait mis en garde en me disant : « qu’il y avait parfois
trop de force au service des idées fausses ».
Quand les idées fausses sont de
nature à mettre en danger notre liberté et les valeurs pour lesquelles tant et
tant ont donné leurs vies, c’est qu’il y a une faiblesse, voire une absence
dans notre système de défense de ces valeurs. Des exemples comme le manque de
justice aujourd’hui sont criants. C’est cette vieille dame qui s’est fait
agresser dans la rue et qui s’entend dire par (qui vous savez) :
« Vous vous êtes trouvée au mauvais endroit au mauvais moment » ou
mon propre fils qui a dû se battre pour repousser des parents d’élèves venus le
frapper à la sortie du collège et à qui le substitut du Procureur a dit
« pourquoi n’êtes-vous pas parti au lieu de vous défendre quand on vous a
agressé ? ». Que dire aussi de cette manière scandaleuse dont
certains tendent à nier les crimes les plus monstrueux ou minimiser la
responsabilité des assassins. A votre avis, quand vous ne pouvez plus ou ne
devez plus vous défendre, à quoi cela fait-il penser ? Comment
appelle-t-on en médecine un organisme qui ne peut plus se défendre contre les
infections et les maladies ? C’est grave docteur.
J.D. 08/11/2023
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