#SOCIETE DE CONSOMMATION
Il y a des dépenses plus ou moins nécessaires et celles qui
relèvent de la pulsion, du rêve de toujours, du désir d’acheter pour le plaisir
de posséder tel ou tel objet. Je ne vais pas faire ici une dissertation sur « le
désir de l’objet ou l’objet du désir » mais raconter quelque chose de
banal, très révélateur et qui concerne tout le monde dans cette société de
consommation. Qui n’a pas eu envie de posséder le dernier téléphone portable
avec une technologie de fou, les dernières chaussures à la mode qui coutent
« une blinde » ou une belle voiture ? Tant que cela reste juste un
désir mais que la raison est plus forte, il n’y a pas de problème. Mais il
arrive que ce désir de l’objet l’emporte, et là, on perd le contrôle, on
devient l’esclave de cette société de consommation, on fait la fortune des
vendeurs de tous acabits et notamment du commerce en ligne où un seul clic
suffit. Que peut-il se passer quand on gagne au tiercé où qu’un héritage vous
tombe du ciel ?
Ainsi, notre ami Paul, paisible père de famille, a hérité un
jour d’une somme d’argent conséquente. Immédiatement, il a réalisé des
investissements et, bien-sûr, fût généreux avec tous les membres de sa famille.
Après avoir mis de côté une réserve de sécurité, il utilisa le reste pour se
faire plaisir et ce plaisir fut l’achat d’un véhicule 4x4 Jeep ancien modèle,
un rêve d’enfance. Certes, il n’avait nul besoin d’un tel véhicule mais le rêve
était là avec un prix d’achat de plus de 16 000 €. Qu’importe, on ferait les
transformations nécessaires pour que le moteur puisse fonctionner à l’éthanol,
réduisant ainsi les frais de carburant. Ensuite, des améliorations parurent impératives
(changement des amortisseurs trop durs et remplacement de l’alternateur trop sale)
avec chaque fois des coûts en conséquence. Et la liste s’allongea avec les
réparations inévitables quand les véhicules prennent de l’âge. Sauf que le
moteur n’a pas aimé l’éthanol et qu’il a fallu bien vite revenir au carburant
normal avec, au passage toutes les bougies et une bobine à changer. Au bout de
deux ans on arrivait à une dépense en plus de 14 000 €, ce qui donne un coût
total de # 30 000 € pour ce vieux 4X4 de vingt ans. Mais c’était un plaisir de
le conduire avec un confort intérieur génial et ce bruit de moteur caractéristique
des V8. Il ne manquait plus que la mythique « Route 66 » avec des
Harley-Davidson autour pour que le rêve soit parfait. Hélas, la réalité a
frappé à la porte car, les dépenses en carburant augmentaient et les pièces
détachées se faisaient rare comme ce rétroviseur qu’il a fallu remplacer en le
commandant sur un site internet. Alors, la mort dans l’âme, la Jeep fut mise en
vente. Mais ce genre de véhicule n’intéressait que des passionnés qui ne
courent pas les rues. De plus, les sites de vente en ligne réservent pas mal de
surprises tant il y a des acheteurs peu sérieux ou des revendeurs qui veulent
faire baisser le prix au maximum pour revendre la voiture avec un bon bénéfice.
Le temps pressant et pour éviter d’avoir à subir plus longtemps d’insupportables
pinailleries la Jeep fut vendue 8000 €, seul prix possible sur le marché, à un
professionnel connu qui paya cash. Le rêve a coûté cher !
Ce qui interpelle ici c’est ce désir de posséder des choses
dont on n’a pas réellement besoin voire pas besoin du tout. Mais que signifie
« avoir besoin de » ? Je n’ai pas la capacité de faire un
développement savant sur cette question et je vais essayer de l’aborder en
restant simple.
Notre mode de vie évolue et nous ne pouvons pas vraiment
comparer notre vie à celle de nos parents ou grands-parents qui faisaient
figure d’économes sachant se contenter de peu. Par exemple, avec les progrès
dans le domaine des communications, il n’est plus possible aujourd’hui de
travailler sans se servir des outils indispensables comme le téléphone mobile
et la connexion au réseau internet. De même pour nos déplacements, il est
difficile pour exercer certains emplois de ne pas avoir une voiture automobile.
Même s’il existe des groupes de personnes voulant vivre comme autrefois, se
déplaçant avec des calèches, ils sont obligés de se signaler sur les routes
avec un éclairage adéquat pour éviter les accidents et je parle ici des
habitants du Pays Amish aux USA que j’avais visité dans les années
quatre-vingt. Bref, notre condition humaine est placée sous le signe de
l’invention perpétuelle et il est difficile de ne pas vivre avec son temps.
Mais vivre avec son temps ne signifie pas être un mouton suiveur où l’on est
incapable de penser par soi-même. Il faut savoir refuser de se laisser
entraîner dans des comportements qui ne nous correspondent pas et peuvent même
être nocifs.
En matière vestimentaire on peut parler de ceux qui veulent
toujours être à la mode coûte que coûte. Coco Chanel avait bien dit « La
mode se démode, le style jamais ». Être à la mode pour se couler dans le
moule c’est ce j’appelle être un mouton en voulant ressembler aux autres. Je
tempête toujours contre l’une de mes filles quand elle s’habille avec des
pantalons déchirés. Et le plus révoltant dans toute cette intoxication c’est
que ce genre de vêtement n’est pas bon marché ! Alors qu’il serait bien
mieux d’affirmer sa personnalité en se démarquant des autres pour se donner un
style, s’inspirer de la mode au lieu de la copier. Je suis sûr que cela
reviendrait moins cher.
Et puis il y a tout le reste qu’on achète parfois et qui
finit dans un coin de la maison. Combien de fois ai-je acheté des livres qui me
semblaient indispensables à ma culture et que je n’ai jamais ouverts. Pareil
pour les outils qui me passionnent et dont certains ont fini dans mon atelier,
oubliés sur une étagère et couverts de poussière. Que dire également des
ustensiles de cuisines, friteuses et autres robots sensés nous faciliter les
taches mais dont beaucoup ne sont plus utilisés et encombrent les placards.
Ici, un exemple me vient à l’esprit, c’est la machine à café.
Un engin qui fonctionne à l’électricité, que l’on peut brancher n’importe où et
qui fonctionne avec l’eau du robinet et des dosettes ou capsules de café. Il suffit
juste de remplir le réservoir d’eau, placer la dosette (ou capsule) là où il
faut, choisir le nombre de tasse souhaité (en général une ou deux) et lancer la
machine pour avoir très rapidement son café sans beaucoup d’effort. De plus, selon
la marque de la dosette, il peut être excellent. Comme presque tout le monde,
nous avons acheté cette machine. Il y en a pour tous les prix de 20 € à 250 €.
Ensuite, il faut choisir les dosettes (ou capsules) qui vont avec la machine. Pour les capsules, les prix vont de 70€ la boîte
de 200 à 4,29 € la boîte de 16. Pour les dosettes, les prix vont de 21,42€ la
boîte de 54 à 3,25 € la boîte de 48. Donc, avec une machine à café basique de
20 € et des dosettes au prix minimum de 3,25 € les 48 unités, j’arrivais à une dépense
en dosettes de # 20 € par mois pour 6 personnes soit 240 € (plus la
consommation électrique) par an, ce que j’ai trouvé excessif. Alors j’ai choisi
l’option d’utiliser une cafetière italienne en aluminium à 28 € avec du café
moulu au prix minimum de 1,15 € les 250 grammes et je suis arrivé à une
consommation mensuelle de café qui me coûte 4,60 € par mois, soit 55,20 € (plus
la consommation de gaz) par an. Conclusion, sur ce seul poste de la consommation
du café, j’économise hors énergie 184,80 € par an avec la seule contrainte d’avoir
à faire l’effort de nettoyer la cafetière, y mettre l’eau et le café et
attendre l’ébullition.
Certes, peut être que nos conditions de vie ne nous
permettent plus de vivre au même rythme qu’autrefois et que le temps nous est
compté. Mais il y a là-dedans une sorte d’encouragement à la paresse qui me
semble malsain d’autant que cette paresse est bien exploitée par les
industriels : l’histoire des dosettes de café en est un exemple parmi
beaucoup d’autres. On oublie de bien se nourrir, on court toujours, on dépense son
argent parfois pour rien ; on ne prend plus le temps de vivre.
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